Sara Chelou

Née à Paris, France, mais de culture bilingue et internationale portée par une enfance voyageuse entre l’Allemagne, l’Afrique, la Russie, puis une balade dans les pays de l’Est peu après la levée du rideau de fer j’en retire le gout aventureux de la découverte et de l’expérimental dans mes peintures, avec le souvenir des couleurs propres à chaque endroit traversé.

Influencée par les peintres de la matière des années 50, les nouveaux réalistes des années 60, la figuration libre des années 80, et sa pratique de peindre dans la ville, par la pop culture américaine avec Keith Haring, Wharol ou Lichtenstein, par la culture graffiti de partout et d’ailleurs, j’ai participé activement à la mouvance des squats artistiques des années 90 à Paris en tant qu’artiste engagée du milieu underground, ou je peins mes premières peintures dans les cathédrales industrielles, des lieux en friche, des usines, lors d’événements interactifs et pluridisciplinaires ou se mêlent le jeu, l’art. Avec le collectif “Rézonances” nous réalisons en 1990 des tournées dans les pays de l’est et nous exposons notamment dans le centre culturel de Budapest en Hongrie sur le thème “l’art, la ville, les gens”.

En 1991 j’investis avec un collectif d’artistes l’ancien couvent des Récollets du 16^eme siècle dans le 10^eme arrondissement de Paris, prévu pour la démolition. Pour sauver et réhabiliter le bâtiment je crée l’association “Les Anges des Récollets” et c’est à ce moment là que je rencontre les artistes de la figuration libre et du graffiti que nous invitons pour réaliser des fresques dans le bâtiment classé monument historique. C’est ainsi que j’ai l’occasion de voir à l’œuvre Jean Faucheur, Bleck le Rat, Paella, Boisron, Mesnager, Mode2., entre autres. Suite à nos fresques et à une mobilisation importante d’intellectuels, de philosophes, d’artistes de tous bords, le couvent est sauvé et c’est l’ordre des architectes qui y siège aujourd’hui. Les fresques ont été respectées.

Je réalise aujourd’hui en atelier et dans la rue des pochoirs à la fois militants et ludiques sur le thème par exemple de l’égalité des droits, comme les droits femmes/hommes, les droits civiques des minorités, ou les droits LGBT.
Dans mes toiles je parle d’une culture graphique et d’une époque ou l’art s’exprime et oscille entre l’interdit et le jeu, sort de l’atelier pour se confronter à la société dans les rues et dans les villes, reflète le monde et ses tensions avec différentes influences, une forme de fusion entre réflexion citoyenne, culture geek et graffiti. C’est une synthèse qui parle d’un coté d’une adolescence éternelle et d’un art contemporain renouvelé qui nous ressemble, sans être forcément un manifeste mais simplement une mise en évidence, et d’une nécessité plus profonde d’être en prenant place en tant que citoyen du monde, un art qui se balade dans les rues du monde et retourne dans l’atelier et sur toile comme un témoignage.